Le Hold% et le Break% semblent faciles à comprendre, mais ce sont aussi deux des statistiques les plus souvent mal interprétées au tennis. Lorsqu’on les lit correctement, elles expliquent pourquoi certains joueurs gagnent malgré un total de points inférieur, pourquoi un « gros serveur » peut rester fragile, et pourquoi des relanceurs aux chiffres modestes sont parfois redoutables selon les conditions. Ce guide détaille précisément ce que mesurent le Hold% et le Break%, comment ils sont calculés, et comment éviter les pièges courants lorsque vous les utilisez pour analyser un match.
Le Hold% (pourcentage de jeux de service remportés) indique à quelle fréquence un joueur conserve son service sur un ensemble de matchs. Un Hold% de 85% signifie qu’il a tenu son jeu de service dans 85% de ses jeux au service. Ce n’est pas la même chose que « gagner 85% des points au service » : il s’agit d’un résultat au niveau du jeu, influencé par la qualité point par point, les moments de pression et même la manière dont les tie-breaks modifient l’approche tactique.
Le Break% (pourcentage de jeux de retour gagnés) indique à quelle fréquence un joueur parvient à breaker l’adversaire. Un Break% de 25% signifie qu’en moyenne, il gagne un jeu de retour sur quatre. Il faut garder en tête que le Break% dépend du niveau des serveurs affrontés et des surfaces jouées. Breaker sur terre battue est généralement plus fréquent que sur gazon ; comparer ces chiffres sans ajustement mène souvent à des conclusions erronées.
L’intérêt du Hold% et du Break% est qu’ils reflètent des résultats concrets et restent relativement stables dans le temps pour la plupart des joueurs, davantage que des statistiques d’un seul match comme les aces ou les doubles fautes. Malgré tout, le contexte reste essentiel : circuit (ATP/WTA), surface et taille d’échantillon comptent énormément. Un Hold% de 90% sur une semaine en indoor n’a pas la même valeur qu’un 90% sur une saison entière.
La formule du Hold% est simple : (jeux de service tenus ÷ total des jeux de service) × 100. Si un joueur a servi 120 jeux et a perdu son service 18 fois, il a tenu 102 jeux, donc Hold% = 102/120 = 85%. La métrique est claire, mais elle masque la façon dont ces jeux ont été remportés. Deux joueurs peuvent afficher 85% : l’un domine au service, l’autre se sort constamment de situations dangereuses face à des balles de break.
La formule du Break% est symétrique : (jeux de retour gagnés ÷ total des jeux de retour) × 100. Si un joueur dispute 130 jeux en retour et break 32 fois, Break% = 32/130 ≈ 24,6%. Là encore, la simplicité peut tromper si l’on ignore la qualité du service adverse. Breaker un très bon serveur est bien plus difficile ; un Break% brut peut être gonflé par une série d’adversaires moins solides au service.
Il faut aussi noter ce que ces statistiques n’incluent pas : les tie-breaks ne sont pas comptés comme des jeux de service, alors que la performance au service en tie-break peut être décisive. C’est pourquoi il est utile de compléter l’analyse Hold/Break avec des informations sur les tie-breaks et des indicateurs « clutch » comme les balles de break sauvées et converties.
La première erreur consiste à croire que le Hold% et le Break% se traduisent directement en résultats de sets ou de matchs. Un joueur peut avoir un Hold% excellent tout en perdant souvent si son Break% est trop faible, surtout en deux sets gagnants où un seul break peut décider un set. À l’inverse, un excellent relanceur peut avoir un Break% élevé mais éprouver des difficultés à conclure s’il ne tient pas suffisamment ses jeux lorsqu’il mène.
La deuxième erreur est de comparer des joueurs évoluant dans des contextes différents sans ajustement. Le Hold% augmente généralement sur surfaces rapides (gazon, de nombreux durs indoor), tandis que le Break% grimpe sur surfaces plus lentes (terre battue, durs extérieurs lents). Même au sein d’une même catégorie, les conditions varient : altitude, type de balles, température et vitesse de court peuvent renforcer ou réduire l’avantage au service. C’est pourquoi un Hold% « global » est moins pertinent qu’un Hold% par surface.
La troisième erreur est de se fier à un échantillon trop petit. Sur quelques matchs, le Hold% et le Break% peuvent varier fortement. Pour une lecture fiable, il vaut mieux disposer d’au moins 15 à 20 matchs sur la même surface, et idéalement d’un échantillon plus large sur la saison. Quand l’échantillon est faible, il est plus prudent d’observer des statistiques complémentaires : pourcentage de premières balles, points gagnés sur première, points gagnés sur seconde et points gagnés en retour.
La répartition par surface est le premier filtre. Beaucoup de joueurs sont presque « deux joueurs différents » selon la surface. Un serveur peut être élite en indoor mais moyen en extérieur, ou un relanceur peut être exceptionnel sur terre battue mais seulement correct sur gazon. Vérifiez toujours le Hold% et le Break% par surface avant de comparer deux profils.
La qualité des adversaires est la seconde étape. Si le Break% d’un joueur a récemment bondi, demandez-vous : a-t-il affronté des serveurs plus faibles, ou son niveau en retour a-t-il réellement progressé ? De même, si son Hold% a chuté, était-ce face à des relanceurs d’élite ? Certaines sources proposent des versions ajustées à l’adversaire ; à défaut, une vérification simple consiste à regarder les 10 derniers matchs et le profil de service des joueurs affrontés.
La forme récente vs le niveau de fond compte aussi. Le Hold% et le Break% sont souvent stables, mais ils peuvent bouger à cause d’une blessure, de la fatigue, d’un changement d’entraîneur ou d’un ajustement tactique. Si un joueur historiquement solide au service affiche une baisse nette le mois dernier, avec une vitesse de première balle en recul ou davantage de doubles fautes, considérez ces signaux comme une alerte plutôt que comme du bruit statistique.

Une méthode pratique consiste à comparer le Hold% d’un joueur au Break% de l’adversaire (et inversement). Par exemple, si le Joueur A tient 86% de ses jeux sur dur et que le Joueur B break 22% sur dur, vous pouvez estimer à quelle fréquence A risque d’être breaké par B dans un jeu de service « moyen ». La même logique s’applique au service de B face au retour de A.
Cependant, les meilleures lectures viennent de la compréhension de l’équilibre service/retour. Certains joueurs sont portés par le service : ils gagnent parce qu’ils sont rarement breakés et qu’ils arrachent un break par set. D’autres sont portés par le retour : ils mettent une pression constante sur le service adverse et acceptent que leur propre mise en jeu soit plus contestée. Les oppositions se jouent souvent sur la capacité d’un style à imposer sa force dans les conditions du jour.
Le Hold% et le Break% permettent aussi de comprendre pourquoi certains matchs se dirigent très souvent vers des tie-breaks. Si les deux joueurs ont un Hold% élevé et un Break% faible, les sets restent généralement « sur service ». Cela ne veut pas dire qu’ils sont forcément égaux : l’un peut être le meilleur serveur — mais cela indique que quelques points peuvent décider un set. Dans ces scénarios, des détails comme la qualité de seconde balle, la profondeur en retour et la solidité mentale sur balles de break font souvent la différence.
Hold% élevé vs Break% élevé est l’affrontement le plus intéressant : le serveur s’attend à protéger son service, le relanceur s’attend à créer des occasions de break. Dans ce type de match, surveillez de près les premiers jeux au service. Si le relanceur atteint fréquemment 30–30 ou égalité, le Hold% brut risque de ne pas tenir. Un joueur à « fort Hold% » peut malgré tout être sous pression si sa seconde balle est attaquable.
Hold% faible vs Break% faible donne souvent des scores irréguliers. Le serveur fragile peut perdre sa mise en jeu, mais le relanceur peu tranchant peut ne pas savoir profiter des opportunités. Ces matchs peuvent basculer selon la confiance. Dans ce profil, vérifiez les balles de break sauvées, les doubles fautes sous pression et la capacité du joueur à se remettre après un break concédé.
Profils équilibrés — Hold% solide et Break% solide — correspondent souvent aux meilleurs joueurs et aux joueurs très réguliers du circuit. Quand les deux sont équilibrés, l’avantage se joue fréquemment sur les oppositions de styles (gaucher vs droitier, schémas de fond), les facteurs physiques et la capacité à forcer l’autre à servir dans des zones ou des patterns plus faibles (par exemple, attaquer systématiquement la seconde balle ou neutraliser la première extérieure).