Pourquoi l’Arabie Saoudite a renoncé à l’achat d’un nouveau club européen en avril 2025

dirigeant en tribune

En avril 2025, des rapports ont révélé que les groupes d’investissement saoudiens, notamment ceux liés au Fonds d’Investissement Public (PIF), avaient soudainement annulé leurs projets d’acquisition d’un autre club de football européen. Cette décision, inattendue pour certains, repose sur un ensemble de changements stratégiques, de réévaluations économiques et de pressions géopolitiques croissantes. Explorons les raisons clés de ce revirement.

Réorientation stratégique des investissements sportifs saoudiens

Depuis 2021, l’Arabie Saoudite poursuit une présence mondiale dans le sport, de l’achat de Newcastle United à la création de LIV Golf, en passant par des investissements en Formule 1. Le football occupe une place centrale dans cette expansion. Mais début 2025, le PIF a annoncé une phase de consolidation stratégique visant à stabiliser les actifs actuels avant d’envisager de nouvelles acquisitions.

Selon certaines sources, le développement rapide de la Saudi Pro League est devenu une priorité nationale. Avec des stars comme Cristiano Ronaldo, Neymar ou Benzema, le championnat local nécessite désormais des infrastructures solides, des structures commerciales durables et une professionnalisation plus poussée, ce qui mobilise des ressources initialement prévues pour des achats européens.

Renforcer la compétitivité de la ligue nationale correspond mieux aux objectifs de la Vision 2030 que l’acquisition de clubs étrangers. Le développement des talents locaux et l’élévation du championnat saoudien au rang des ligues majeures sont désormais des priorités claires.

Pressions accrues de l’UEFA et des ligues locales

L’un des éléments déterminants a été l’intensification de la réglementation sur la multipropriété de clubs. L’UEFA a renforcé ses règles en janvier 2025 pour limiter l’influence des entités possédant plusieurs clubs participants à ses compétitions.

Ces nouvelles règles, applicables dès la saison 2025-2026, restreignent fortement les investissements des fonds souverains. Elles créent des risques juridiques et d’image, notamment pour les investisseurs comme le PIF qui souhaitent éviter d’éventuels conflits d’intérêts ou sanctions disciplinaires.

Pour l’Arabie Saoudite, être perçue comme influençant excessivement les compétitions européennes va à l’encontre de sa volonté de devenir un acteur légitime dans la gouvernance sportive mondiale. Le retrait s’est donc imposé comme un choix stratégique pour préserver cette image.

Facteurs économiques et volatilité du marché

Malgré des réserves financières solides, l’économie saoudienne n’a pas été épargnée par les incertitudes en 2025. Les fluctuations du prix du pétrole et un ralentissement de la croissance ont incité à une gestion plus prudente des investissements internationaux.

Les prix d’achat des clubs européens sont devenus excessifs, déconnectés des performances financières réelles. Cela a découragé les investisseurs saoudiens, soucieux de la rentabilité et de la pérennité des projets ciblés.

La faiblesse de l’euro face au dollar et aux devises du Golfe a également représenté un risque de change important. Dans ce contexte, toute acquisition majeure aurait pu se traduire par une perte de valeur à court terme.

Leçons tirées des acquisitions précédentes

Les expériences passées, comme celle de Newcastle United, ont montré les exigences d’une gestion opérationnelle en Europe. L’environnement médiatique, réglementaire et commercial anglais a demandé des ressources humaines et financières supérieures aux prévisions initiales.

Ces leçons ont renforcé la prudence du PIF, qui exige désormais un contrôle accru, une rentabilité démontrée et une cohérence avec les objectifs de développement national. Les clubs qui ne répondent pas à ces critères sont exclus des priorités.

Cela reflète une évolution vers une stratégie d’investissement plus mûre, axée sur le long terme et l’impact local plutôt que la visibilité immédiate.

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Tensions géopolitiques et considérations diplomatiques

Le contexte international joue également un rôle. En avril 2025, un projet d’achat d’un club français de Ligue 1 a été interrompu à la suite de protestations politiques et sociales. Les ONG et les médias ont dénoncé l’influence étrangère dans le football local.

Les campagnes contre le « sportswashing » ont forcé les investisseurs saoudiens à reconsidérer leurs approches. Le climat d’hostilité, combiné aux risques d’image, a fait pencher la balance en faveur d’un retrait prudent.

Pour préserver sa stratégie d’influence douce, l’Arabie Saoudite privilégie désormais les investissements moins controversés, notamment en organisant des événements sportifs sur son territoire.

Perspectives futures et domaines d’intérêt

Dans l’avenir, le royaume se concentre sur les partenariats régionaux, les infrastructures e-sport, et l’accueil de grandes compétitions sportives internationales. Ces actions offrent une visibilité mondiale tout en évitant les pièges juridiques et politiques des acquisitions directes.

Le PIF explore également des modèles d’investissements indirects via des fonds privés, permettant une flexibilité accrue et une exposition réduite. Cette approche permettrait de maintenir une présence dans le sport mondial sans dépendre d’un seul actif ou d’un seul marché.

Le retrait d’un achat de club européen en avril 2025 incarne un virage vers une stratégie plus calculée, alignée avec les objectifs de durabilité, de réputation et de rendement de l’Arabie Saoudite dans le sport international.